A l’occasion de la fin de cette année 2023, que peut-on retenir comme bilan dans le monde du snooker ?
LES MATCHS TRUQUÉS
Ce scandale a fait beaucoup de mal au snooker.
En 2023, dix joueurs chinois avaient été suspendus pour leur implication dans des matchs truqués.
Le vainqueur de l’English Open, Liang Wenbo, et son compatriote Li Hang ont été condamnés à une suspension à vie pour leur rôle établi dans l’organisation de paris truqués.
Le vainqueur des Masters en 2021, Yan Bingtao, ainsi que celui de l’UK Championship en 2021, Zhao Xintong, étaient aussi impliqués dans ce scandale. Le premier a écopé d’une suspension jusqu’en décembre 2027, le second jusqu’en septembre 2024.
LES CINQ DE MACAO
En octobre, cinq joueurs ont créé une fronde avec la WPBSA parce qu’ils avaient choisi de participer à un tournoi d’exhibition à Macao aux mêmes dates que le Northern Ireland Open.
Etaient concernés Luca Brecel, Mark Selby, John Higgins, Ali Carter et Thepchaiya Un-Nooh.
Barry Hearn, le responsable du WST (World Snooker Tour), avait menacé de sanctionner ces joueurs. Heureusement, tout est ensuite rentré dans l’ordre puisque la date du tournoi de Macao a été reculée à une période creuse, au mois de décembre.
Il reste cependant que la tension couve toujours. D’autant que ces cinq joueurs n’ont pas pu participer à l’Open d’Irlande du nord puisqu’ils n’y étaient pas inscrits.
LES FINLANDAIS TRÈS REMONTÉS CONTRE BRECEL
Pour répondre à l’intérêt grandissant de la Finlande pour le snooker, Robin Hull (ex-joueur pro) s’était démené pour mettre en place un match d’exhibition pour le 7 décembre qui devait opposer Neil Robertson au champion du monde. Tout était bien ficelé, et 1900 spectateurs avaient acheté leur billet quand, la veille du match, Luca Brecel a déclaré forfait en transmettant un simple SMS. Robin Hull n’avait plus alors que 24h pour trouver une solution de remplacement. Il a pris contact avec Mark Selby qui avait accepté de sauter dans un avion et de venir suppléer l’absence du belge pour assurer le spectacle. Toutefois, Robin Hull et les nombreux fans finlandais ont très peu apprécié le faux-bond de Brecel.
LE FIASCO DU TOUR CHAMPIONSHIP
Présenté comme l’un des tournois les plus prestigieux du calendrier, l’édition de cette année du Tour Championship a été inoubliable, mais pour une mauvaise raison.
Shaun Murphy avait certes réalisé une superbe performance pour remporter le titre pour la première fois, et avec lui un joli chèque de 150 000 £.
Sauf qu’il n’y avait pas grand monde dans le public pour le voir.
La faute certainement à un mauvais travail de promotion ou au choix du lieu.
LA DEGRINGOLADE DE NEIL ROBERTSON
Pour la première fois depuis 2005, l’australien a passé toute l’année sans remporter le moindre tournoi.
Bien qu’il s’estime satisfait de son niveau de jeu, les résultats tardent à venir.
Il n’a pas réussi à se qualifier cette année pour le Players Championship et le Tour Championship, des compétitions qu’il avait pourtant remportés en 2022.
Au championnat du monde, il a été éliminé dès les huitièmes de finale.
Pire, il n’a pas fait mieux qu’un seizième de finale (last 32) et dans une seule compétition ranking cette année.
Malgré cela, il reste officiellement à la 7e place au classement mondial, mais devrait chuter lourdement au classement dès les premiers mois de 2024.
LE TRIOMPHE DE LUCA BRECEL
Un trophée au championnat du monde reste la récompense la plus remarquable, d’autant que personne ne s’y attendait, pas même le joueur lui-même.
Alors qu’il n’avait jamais remporté le moindre match jusque-là dans cette compétition, il a enfin vaincu le signe indien lors de sa 6e participation, en venant à bout de Ricky Walden 10-9. Il a ensuite progressé dans la compétition en éliminant Mark Williams 13-11 dans un duel de grande qualité, puis en réussissant des remontées exceptionnelles pour battre le champion en titre Ronnie O’Sullivan en quart de finale et Si Jiahui en demi. En battant en finale Mark Selby 18-15, il est également devenu le premier champion du monde d’Europe continentale.
RONNIE, L’HOMME DES RECORDS
Bien qu’il soit perturbé par ses émotions et traversé par des doutes quant à sa fin de carrière, il n’en demeure pas moins qu’il y a une évidence criante : Ronnie O’Sullivan est un joueur à part.
Il l’a encore une fois prouvé cette année, en remportant deux tournois prestigieux. Sa capacité à remporter les tournois les plus importants du calendrier est juste incroyable.
Sa victoire aux Masters de Shanghai était sa quatrième consécutivement et sa cinquième au total, mais celle qu’il a réussie à l’UK Championship était encore meilleure.
En effet, son triomphe contre Ding Junhui lui a permis de remporter son 8e titre de l’UK Championship, établissant ainsi un nouveau record dans son palmarès déjà bien fourni, ainsi qu’un 40e titre ranking.
Précisons que son succès au championnat du Royaume-Uni est survenu presque 30 ans jour pour jour après son premier titre ranking, lors du même tournoi en 1993.
The Rocket a fêté ses 48 ans ce mois-ci, mais il est toujours le numéro un mondial du snooker, et tout porte à croire qu’il est loin de la fin.
ET DE TROIS POUR TRUMP
Il avait débuté l’année en remportant les Masters, pour la 2e fois. mais c’est en fin d’année qu’il a réussi un véritable exploit.
Judd Trump est en effet resté invaincu pendant tout le mois d’octobre, période où il réussi à remporter trois tournois ranking en seulement un mois.
Il a d’abord vaincu Zhang Anda à l’Open d’Angleterre, puis a rapidement enchaîné avec des triomphes à l’Open de Wuhan et à l’Open d’Irlande du Nord.
A 34 ans, Trump est devenu le cinquième joueur de l’histoire à remporter trois titres classants d’affilée, égalant ainsi les records de Ray Reardon, Steve Davis, Stephen Hendry et Ding Junhui.
RETOUR EN CHINE
Pendant quatre ans, l’arrêt des compétitions dans ce pays ont fait beaucoup de mal au snooker, avec une diminution du nombre de tournois et des gains financiers.
Heureusement, le snooker est revenu en Chine en 2023, après la levée des restrictions liées à la pandémie du Covid.
Il est évident que le snooker ne peut se permettre l’absence d’un tel pays, à voir le succès qu’il y remporte, le nombreux public qui y assiste et les montants très lucratifs proposés aux joueurs.
Les Masters de Shanghaï ont une réputation déjà reconnue, mais l’Open de Wuhan et le Championnat International n’en sont pas en reste.
Il serait très bénéfique d’ailleurs de promouvoir le snooker pour l’étendre à d’autres territoires dans le monde, pour éviter de dépendre autant du marché chinois.
LES SUCCES INATTENDUS
Parmi les belles réussites de l’année, on peut citer Gary Wilson qui a défendu avec succès son titre à l’Open d’Écosse et la victoire de Chris Wakelin au Shoot Out.
De même, le joli parcours de Si Jiahui jusqu’en demi-finale du championnat du monde a permis d’oublier le scandale des matchs truqués engendré auparavant par ses compatriotes.
Au début du mois d’octobre, Mark Williams est devenu à 48 ans le vainqueur le plus âgé dans un tournoi ranking, depuis Ray Reardon, après avoir remporté le British Open.
Enfin, la plus belle histoire reste sans doute celle de Robert Milkins qui a remporté le bonus de 150.000 £ aux BetVictor Series, le plus gros gain de sa carrière.