HISTOIRE DU SNOOKER
SOMMAIRE : A l’origine – Les premières compétitions – Les grands joueurs de l’histoire – Les femmes dans le snooker – Le snooker en France
L’ORIGINE DU SNOOKER
Vers la fin du XIXe siècle, le billard (qui remonte au XVe siècle) était populaire parmi les officiers britanniques stationnés en Inde et connut de nombreuses variantes.
En 1875, le colonel Francis Fitzgerald Neville Chamberlain fut à l’origine de l’invention du snooker, alors qu’il cantonnait en Inde, à Jabalpur.
Il proposa au mess des officiers d’ajouter des billes colorées au billard traditionnel, qui comprenait 15 billes rouges et une noire.
Dans un premier temps furent rajoutées la bille jaune, verte et rose. Les billes marron et bleue apparurent vers 1880.
« Snooker » (idiot, facile à piéger) est le sobriquet attribué dans l’armée à une recrue d’un an (on dirait un « bleu » en France). Il fut utilisé dans l’armée pour désigner les nouveaux adeptes de ce jeu et s’étendit au jeu lui-même.
Dix ans plus tard, en 1885, à l’occasion d’un voyage en Inde du champion britannique de billard John Roberts, Chamberlain lui présenta ses innovations et introduisit par son biais la pratique du snooker en Angleterre.
LES PREMIERES COMPETITIONS
Au début, les premiers tournois de snooker étaient organisés en amateur entre des régiments militaires et des clubs. C’est vers les années 1920 que le snooker a vraiment commencé à décoller commercialement en tant que sport professionnel.
En 1927, la légende du snooker Joe Davis introduisit un championnat du monde professionnel, et c’est d’ailleurs lui-même qui remporta la compétition. Il empocha un prix de 6 £ 10 shillings (équivalent à environ 300 € en 2004), et remporta par la suite chaque championnat du monde jusqu’en 1946.
En 1940, un match historique a eu lieu entre les frères Davis, Joe et Fred, en finale du championnat du monde. C’était la seule fois de l’histoire que deux frères s’affrontaient à ce stade d’une compétition aussi importante.
Dans les années 1950 et 1960, le snooker a subi un déclin, aucun tournoi n’eut lieu entre 1958 et 1963. Le premier championnat du monde amateur eut lieu en Inde en 1963.
En 1969, la BBC eut l’idée d’organiser un tournoi de snooker pour lancer ses nouveaux programmes en couleur. Ce fut le départ du Pot Black dont le succès dépassa largement les prévisions.
En 1968, la naissance de la WPBSA a permis d’organiser la pratique du snooker et, une année ensuite, le snooker est entré dans ce que l’on dénomme sa « nouvelle ère », avec le passage du championnat du monde à un format à élimination directe.
Quelques années plus tard, le championnat du monde fut retransmis à la télévision et le snooker devint un sport professionnel.
Le classement mondial fut introduit en 1976. Au début, le classement ne prenait en compte que les seuls résultats réalisés lors du championnat du monde. L’argent investit le jeu, et certains joueurs devinrent millionnaires.
En 1978, alors âgé de 64 ans, Fred Davis est battu par le sud-africain Perrie Mans, dans une demi-finale à suspense, manquant notamment d’empocher la bille rose pour revenir à un point de son adversaire. La tension était telle que, présent parmi le public, son frère Joe manqua de tomber de son siège et dût être conduit à l’hôpital pour y être opéré. Il décéda quelques semaines plus tard. Cet épisode dramatique tient une place importante dans la légende du snooker, la bille rose manquée par Fred Davis était surnommée « la bille qui tua Joe Davis ».
Le sommet de cet âge d’or fut peut-être le championnat du monde de 1985, lorsque plus de 18 millions de téléspectateurs, soit un tiers de la population du Royaume-Uni, regardèrent Dennis Taylor remporter la coupe après un combat mémorable contre Steve Davis qui se termina bien après minuit (suivez ce lien si vous désirez regarder ce match).
Dans les années 90, le snooker était entré dans une période de transition. Les entreprises du tabac ont retiré leur sponsoring à cause des campagnes anti-tabac, le jeu était dominé par une poignée de stars et des rivalités sont apparues avec l’organisation des compétitions professionnelles rivales. Un coup dur a été porté au jeu, notamment en 1995 lorsque la BBC a décidé de ne plus diffuser que la finale du championnat du monde
Le jeu ayant perdu sa popularité, et manquant de finances, il devenait alors nécessaire d’entreprendre des changements.
Au début de l’année 2000, Barry Hearn est nommé président chargé de la modernisation du snooker. Une nouvelle tournée professionnelle regroupant pros et amateurs est alors mise en oeuvre, aboutissant à la signature en 2001 d’un énorme contrat TV de 140 millions de dollars avec Sky Sports au Royaume-Uni.
Le snooker a retrouvé ensuite toutes ses lettres de noblesse, aidé par le retour des sponsors et la mondialisation de la discipline.
Vers 2005, à l’occasion des premières victoires de Ding Junhui, l’Asie du Sud-Est commence à se passionner pour le snooker. Depuis lors, de nombreux joueurs asiatiques se sont positionnés sur le circuit mondial. En 2013, aux Masters de Shanghaï, pour la première fois de l’histoire une finale 100% chinoise a eu lieu, entre Ding Junhui et Xiao Guodong.
En 2020, le snooker a une audience télévisuelle de 500 millions de personnes à travers le monde selon le président de la WPBSA Barry Hearn.
En 2021, l’organisation mondiale féminine WWS (World Women’s Snooker) devient une voie de qualification pour le circuit principal pour la première fois.
En 2022, la Q School Asie-Océanie voit le jour et permettra, comme son homologue européenne, d’offrir des places sur le circuit principal.
En 2023, le belge Luca Brecel devient le premier joueur d’Europe Continentale à devenir champion du monde.
LES GRANDS JOUEURS DE L’HISTOIRE
Parmi les joueurs qui ont marqué l’histoire du snooker, citons par ordre chronologique :
– Joe Davis, qui domina le snooker mondial jusqu’à la fin des années 1940, en remportant notamment 15 fois le championnat du monde, le dernier en 1946.
– Ray Reardon, qui remporta six fois le championnat du monde, entre 1970 et 1978.
– Steve Davis surtout, qui domina le snooker dans les années 1980, remportant notamment 6 titres mondiaux, trônant à la première place du classement pendant sept saisons consécutives et détenant le record inégalé de 84 victoires dans des tournois pros. Il fut aussi le premier joueur à réussir un break maximum (officiellement reconnu) dans une compétition pro (the Classic en 1992) et le premier joueur à remporter un million de livres de gains dans sa carrière.
– Stephen Hendry, qui remporta sept fois le championnat du monde, cinq fois consécutivement (entre 1992 et 1996) et fut le plus jeune champion du monde de l’histoire à l’âge de 21 ans en 1990.
– Ronnie O’Sullivan, qui devint en 1993 le plus jeune vainqueur d’un tournoi pro de l’histoire (UK Championship), à l’âge de 17 ans. Ronnie détient aussi le record du break maximum le plus rapide de l’histoire, dans son match du championnat du monde en 1997 face à Mick Price (voir la vidéo). En 2019, il rentrera un peu plus dans l’histoire, en signant son millième century en carrière, un chiffre toujours inégalé.
LES FEMMES DANS LE SNOOKER
Dès le début des années 1930, les femmes ont commencé à concourir dans des compétitions spécifiques en Grande-Bretagne, le premier championnat féminin a eu lieu en 1933 en Grande-Bretagne.
Mais c’est surtout en 1981, avec la mise en place de la WLBSA — qui allait devenir ensuite la WWS — que le snooker féminin allait prendre son essor avec l’instauration d’un calendrier annuel de compétitions féminines, comme dans le circuit principal du WST.
Plusieurs joueuses ont marqué l’histoire du snooker féminin :
– Allison Fisher au milieu des années 80 et début 90, vainqueur de près de 20 tournois et championne du monde à sept reprises entre 1985 et 1994.
– Karen Corr dans les années 1990, remportant 26 tournois dont 3 championnats du monde (entre 1990 et 1997)
– Kelly Fisher, remportant son premier tournoi (Connie Gough Memorial) en 1993, à seulement 14 ans, elle établira un record mondial en remportant 30 tournois majeurs dont cinq fois le championnat du monde entre 1998 et 2003.
– Reanne Evans, remportant dix années consécutives le championnat du monde depuis sa première victoire en 2005 (à seulement 19 ans), et douze fois au total (le dernier en date étant en 2019). Evans détient aussi un record mondial de 90 matches gagnés d’affilée entre 2008 et 2011.
Bien que le circuit féminin a toujours été ouvert aux joueuses de toutes nationalités, il a été largement dominé par les joueuses britanniques au cours de ses 30 premières années.
Au début des années 2010 cependant, on va assister à l’émergence d’une nouvelle vague de talents venus d’Asie. C’est le cas de la hongkongaise Ng On Yee qui devenait championne du monde en 2015 (puis en 2017 et 2018), puis de deux thaïlandaises qui ont remporté le championnat du monde, Mink Nutcharut en 2022 et Baipat Siripaporn, et enfin la chinoise Bai Yulu qui fut championne du monde en 2024.
LE SNOOKER EN FRANCE
Le premier joueur français à devenir professionnel fut Yannick Poulain en 2004.
Angélique Vialard a participé au championnat d’Europe en 2018 qui s’est déroulé à Bucarest (Roumanie). Elle a fini 2e de son groupe, mais n’a pas pu dépasser les huitièmes de finales.
En 2020, Brian Ochoiski devient le premier joueur français à participer aux qualifications du championnat du monde. La saison suivante, il devient également le deuxième français à jouer sur le Main Tour après Yannick Poulain en 2004.
En 2021, Ophélie Laval a participé aux Championnats d’Europe qui se déroulaient à Albufeira (Portugal).